Maman à tout prix ?
Ce soir je vais te parler d'un sentiment que toutes les femmes (ou presque) connaissent : l'instinct maternel. Et de moi également, mon dilemme avec ce sentiment.
Commençons par le commencement. Je n'ai jamais voulu d'enfant. Ce n'est pas que je ne les aime pas, mais ils sont mieux chez les autres. Les cris, les
disputes, les punitions, les caprices, les bobos, les "pourquoi ?", les journées sans fin, les nuits blanches .... Depuis toujours je me suis dit que je voulais d'abord m'occuper de moi, et ensuite des enfants, que le jour où j'en aurais c'est que je me serais chouchoutée de moi-même suffisamment. Le temps a passé. Je me suis fiancée avec M. Mais même comme ça, en vivant en couple, en bossant tous les deux, en étant tous les deux posés, je ne voulais toujours pas d'enfants. J'ai même pris peur. Je me suis demandée si j'aurais un jour envie d'avoir des enfants, au moins un. Mais le côté maman débordée, des couches plein la poubelle, pas de temps pour larver (oui, je conjugue toute sorte de mot comme faire la larve ^^) sur le canapé en lisant ou en matant des mangas, je ne pouvais pas. Et puis M m'a quittée. Toujours pas envie de bébé. Ma meilleure amie commençait à en parler. Son chéri en voulait un à tout prix. Il n'avait qu'une hâte, fonder une famille. Elle n'était pas tout à fait prête, mais était sûre d'en vouloir. Elle voulait juste attendre encore un peu, 1 an environ. Je lui en ai parlé, lui ai demandé si 1 an c'était pas trop court. Elle m'a répondu que si ça continuait comme ça avec son chéri il n'y aurait pas de raison d'attendre plus.
Et j'ai rencontré J. J c'est Jérôme, mon chéri, l'Homme, Monsieur Esclave.... mon amour quoi. J est ... disons, particulier (je te raconterais dans un billet tout spécialement dédié à LUI), mais même avec ça un jour il m'a demandé : "Tu es sûre de ne pas vouloir d'enfant ?". Là je lui ai répondu du tac au tac que c'était juste parce que je n'étais pas prête et que c'était surement pour ça que je n'en voulais pas, de façon catégorique, mais que lorsque je serais prête j'en voudrais.
Mais son inquiétude à ce sujet m'a fait faire une grande remise en cause. Et si je n'en voulais jamais ? Et si je ne suis jamais prête ? Et si mon instinct maternel ne se réveillait jamais ? Trop de questions, trop de peur. J'ai donc balayé tout ça. Lorsque qu'on me posait la question fatidique : "Voulez-vous des enfants ?", je répondais chaque fois que je ne me sentais pas prête, que j'en voulais mais pas avant quelques années. Et j'essayais de me convaincre moi-même. Mes parfois, quand je n'arrivais pas à dormir, celà me torturait de l'intérieur. Et je balayais tout ça.
Ma meilleure amie est tombée (pourquoi tombée d'ailleurs?) enceinte. Non sans mal. Et ça a été une telle joie que je ne me suis pas permise la moindre remarque. Elle aurait compris, évidemment, elle me connait mieux que moi-même, elle m'aurait pardonné et m'aurait réconforté. Mais je n'ai rien dit. Et j'étais réellement heureuse pour elle, pour eux, de tout mon coeur. Mais l'inquiétude a refait surface. Et je l'ai encore une fois chassée.
J'ai suivi toute sa grossesse. Au début, même à 5 mois, elle chouignait qu'on ne voyait pas son ventre. En effet, il n'était pas bien rond et bien dessiné, il était comme fondu, pas net. Et puis d'un coup il était là, son gros ventre bien rond avec un petit bout qui lui donnait des coups, qui ne se calmait que lorsque son père posait sa main sur lui.
Enzo le 5 / 05 / 2011
Le 5 mai 2011 elle a accouché. Je bossais ce jour là. J'étais de fermeture avec la responsable du magasin, et aussi mon amie. En sortant du boulot je vois un SMS : Ça y est, Enzo est né (avec 3 semaines d'avance d'ailleurs). J'ai lu le message, j'ai regardé mon amie et je lui ai dit : "Ma meilleure amie a... a... elle a accouché !" et j'ai pleuré. Des larmes de joie. Elle m'a répondu qu'il ne fallait pas que je pleure, que ce n'est que du bonheur. Je lui ai répondu que je pleurais de joie et que je devais absolument aller de suite à la clinique pour les voir, et je suis partie en courant. Je ne me souviens pas du trajet en bus jusque là-bas. Je ne me souviens pas non plus d'être allée à l'accueil. Je me souviens de la chambre, de tout le monde qu'il y avait ce jour là. Les 3 concernés, les parents, les frères et soeurs et moi. On devait plus de 15. Et je suis allée voir ma meilleure amie, Ludivine. Je l'ai embrassé en essayant de ne pas pleurer encore, et je suis allée voir son bébé, Enzo.
Et là, oui à ce moment précis : j'ai eu envie d'un bébé. Et aujourd'hui j'en ai toujours envie.
Ce fut comme un déclic, comme si quelque chose en moi s'était débloqué, comme si je devenais enfin normale, enfin entière. J'étais tellement heureuse de voir ce bout de chou, tout ce monde pour l'accueillir, de voir ma meilleure amie si heureuse, son chéri aussi... J'ai assisté à un des plus beaux jours de ma vie.
Pourtant mon cousin, dont je suis très proche, avait eu une fille, mais ça ne m'avait rien fait, hormis évidemment une grande joie pour lui et sa famille. Pour ma cousine qui a eu un fils quelques mois plus tôt nada. Il était marrant ce petit bout, Félix, mais rien à voir avec ce que j'ai ressenti le 5 mai 2011 à environ 20h.
Cela fait donc plus d'un an maintenant. Et mon chéri lui n'est pas prêt... Faut dire que c'est un gros étudiant. Il finit à peine ses études. Il est actuellement en stage pour valider sa dernière année, il est surdiplomé, mais il n'a pas encore signé pour un vrai contrat, un vrai travail, sans une fin prédéterminée. Donc j'attends. Et si j'écris ce billet ce n'est pas par hasard, c'est parce qu'une autre amie vient de tomber (encore ce mot étrange, comme si c'était mal) enceinte, Clarisse, et malgré tout la joie pour eux que cela m'apporte, aujourd'hui ça me rend triste car j'attends à présent mon tour avec la plus grande impatience... Parce que j'ai appris cette nouvelle hier, et qu'hier soir en rentrant Jérôme m'a demandé ce qu'il n'allait, pourquoi j'avais l'air toute molle. Et je lui ai dit la raison : que j'étais jalouse, que moi aussi je voulais un enfant.